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{Un grand MERCI aux photograffeurs de tout le pays, qui nous ont aidé à améliorer ce document grâce à leurs bons conseils d'experts, cf. Retours des Artistes}
Prochaine balade photograffique sur Montpell' pour mettre tout ça en application : dimanche 25 mars, rendez-vous à 15h sur la place des Martyrs de la Résistance "street-artistique" (en face de la préf).
Visitez aussi Défense et promotion du street-Art mad'in France concernant le street-Art régional/provincial
Guide pour différencier le "bon photograffeur"
du "mauvais photograffeur"
Y’a le mauvais photograffeur, y voit un truc qui claque en yeux y shoot.
Le bon photograffeur y voit un truc, y shoot … mais c’est un bon photograffeur !
On peut pas les confondre !!!
{œuvre et photo d’Al Sticking}
Photograffeurs des 12 Singes, admins des pages Street-Art mad’ in Montpellier, Street Art mad’ in France, Photograffeurs de Pierres Philosophales (graffiti à message écrit)
et organisateurs de balades photograffiques
Chasse à l’œuvre street-Artistique
Le terme de chasse est tout à fait adapté lorsque l’on part à la recherche de graffitis sur un territoire où les graffeurs n’ont pas leur tanière (donc en-dehors de tout ce qui est terrain vague, friche industrielle, ruine, infrastructure urbaine à l’écart des regards, etc.).
La première des choses est bien évidemment de bien choisir sa zone de chasse, sachant qu’il n’y a quasiment jamais de graff dans les réserves pavillonnaires (car les sentinelles du voisinage surveillent tout). Même en centre-ville, il y a des zones assez vierges en gibier graffique, également pour des questions de voisinage ou parce qu’il y a des monuments anciens (l’animal graffique Respecte la plupart du temps les vieux édifices qui ne sont pas à l’abandon ou négligés, notamment parce qu’il sait que sinon il prendra cher en amende s’il s’agit d’un bâtiment classé ou propriété d’institutionnel).
Une fois le terrain de chasse défini, comme pour un safari (photo ici), l’important est de focaliser son attention sur tous les éléments laissant envisager la présence d’une proie graffique ! Il faut donc porter son regard au loin afin de déterminer si telle rue / tel endroit a ou non un potentiel de shooting.
Si les murs sont trop propres pour être honnêtes, avec une différence de fraîcheur/teinte de peinture sur une certaine hauteur/largeur, il y a fort à parier que la police murale est passée il y a peu et donc que les proies graffiques ont déjà succombé aux coups de pinceaux des municipaux (ou de sociétés privées spécialisées).
Pour autant, si un mur vient d’être toyé (nettoyé dans le cas présent, sinon ce terme s’utilise plutôt pour dire que d’autres graffeurs/tagueurs ont recouvert – entièrement ou partiellement – une peinture précédente par la leur), cela offre une surface vierge pour de nouveaux graffs.
D’où l’importance de savoir détecter les différences de teinte, de texture, voire de volume, sur un mur, laissant supposer la présence d’un graff, d’un collage papier, voire d’un collage autre (céramique, plexiglas, support bois, etc.)
Dis-toi bien ami photograffeur qu’il faut se fier à ta vue, et que s’il y a doute, approche-toi pour être sûr.
Dans le cas de cette photo, le soleil n’aidait pas à voir l’œuvre d’Al Sticking, mais on se doutait que le mur nous cachait quelque chose, grâce à une faible différence de teinte, notamment sur la partie qui avait été repeinte dernièrement. En se positionnant différemment par rapport à la lumière, on a pu voir qu’effectivement il y avait un Jo l’Indien perché sur son cheval qui tirait à l’arc.
Ce qui vient d’être dit fonctionne bien évidemment dans les trois dimensions. Il faut donc regarder sur les côtés au niveau des murs, mais aussi :
en hauteur sur les gouttières (416 et ses foot-eyes)
ou les autres pans de murs (Smiley),
ainsi qu’au sol (surface de pochage de 3LP, car même la police murale ne va pas repeindre les trottoirs). Tu remarqueras que lorsque l’œuvre est au sol, c’est toujours bien de shooter aussi ses pieds, pour donner une idée de la taille.
Cadrage, angle de prise de vue, contextualisation
Dis-toi bien ami photograffeur que quelqu’un qui prend des risques judiciaires pour exprimer son Art sur les murs ne le fait pas n’importe où et n’importe comment (en règle générale en tout cas).
Shooter l’œuvre c’est bien pour en apprécier les détails, mais il faut aussi prendre en compte le contexte urbain dans lequel se trouve l’œuvre, sous différents angles. Ta mission est donc de rendre au maximum l’effet visuel ou le sens de la mise en scène pensé par le street-Artiste. Voici quelques conseils, car si nous ne sommes pas photographes, nous avons eu de bons profs photograffiques.
Ainsi, si le graffeur/pocheur/colleur a utilisé les formes que "met à sa disposition" l’architecture de la ville, c’est dommage et même réducteur de s’en priver. Ici, Olivia De Bona a utilisé le cadre de fenêtre pour graffer un tableau architecturalement encadré : un gros plan sans ce contexte aurait perdu beaucoup de sa valeur esthétique. Dans l’absolu, pour vraiment faire ça bien, il faut également respecter les proportions des marges, donc là il manque quelques centimètres en haut à gauche pour avoir une harmonie des formes du cadre.
Si vous avez plusieurs œuvres qui se répondent/complètent, autant les prendre toutes en même temps pour avoir une vue d’ensemble (bojos de Polar).
Si XVI® (ou SeizeR) et Double H ont poché leur garde à vue ici, c’est bien parce qu’il y a un pochoir de caméra à droite indiquant « Stop control », lui-même posé là par rapport au fait qu’on soit dans la rue de l’herberie. Découpler tous ces éléments entre eux enlève le sens qu’ont voulu leur donner les différents street-Artistes qui se sont succédé dans ce contexte.
Amuse-toi à mettre ta touche créative personnelle
Une fois que les règles précédentes ont été respectées, le photograffeur "se doit" aussi (peut en tout cas), si possible, d’apporter sa touche (en cela, l’heure de prise de vue et la lumière sont essentielles, les photos de nuit étant aussi parfois excellentes). C’est fun et ça permet de développer sa propre créativité plutôt que d’être un simple shooter. Ainsi, il faut savoir reculer et zoomer plutôt que toujours prendre en moyenne ou courte focale, savoir faire deux photos (une du sujet, sans contexte, pour se rassurer d’avoir archivé, et ensuite faire une photo plus large avec plus de contexte et pouvoir choisir, ou pas, après), ne pas hésiter à composer avec des gens, des passants, prendre des éléments qui donne l’échelle. Bref, il faut oser l’expérimentation (toujours tenter, toujours essayer), oser sortir de la frontalité, essayer de composer entre le sujet (l’œuvre) et la rue (ou un chien, une poubelle, un élément de mobilier) pour équilibrer le cadre en donnant des "contrepoids".
Que cela ait été pensé ou non par l’Artiste, nous avons vu que le spot en haut de l’avancée de toit pouvait ressembler à une souris selon comment on le photograffiait. Il faut donc ensuite se positionner correctement (en hauteur, contre-plongée, sur le côté) pour avoir l’effet recherché, ici surtout par rapport au câble du projecteur qui doit faire la queue de la souris.
{Animaux muraux}
Dans le cas présent, c’est évident que Rankka n’avait pas prévu que son superbe pochoir soit aussi nullement détourné. Pour autant, il suffisait d’attendre qu’une charmante damoiselle passe pour utiliser à bon escient cet acte de vandalisme sur œuvre d’Art de rue.
Pour finir, ça peut aussi être sympa de se mettre en scène par un jeu de miroir en utilisant son reflet dans une vitre, le sujet principal de la photograffie devant rester par définition le graff (sinon on fait un photomaton).
{collage poché du Collectif des Cerveaux-Lents}
Conclusion
Le but de ce bréviaire n’était pas de nous la jouer grands photograffeurs, mais plutôt de vous éviter des déconvenues comme nous avons pu en connaître en regardant nos shoots de "jeunesse" (photograffique).
Il n’y a rien de plus frustrant que de faire une balade/chasse photograffique pendant x heures et se rendre compte en rentrant qu’on aurait pu beaucoup mieux shooter si ceci si cela, et il est loin d’être garanti qu’à la prochaine sortie le/les graffiti(s) qu’on voulait reprendre soi(en)t toujours en place ou propre(s).
Comme disait Oliviero Toscani, le grand photographe notamment de United of Bande de Cons (pour rester dans les Inconnus du début), dans son émission sur Arte Photo for life | Les jeunes talents de la photographie, le cerveau et l’œil doivent travailler de concert pour imaginer en amont la photo puis c’est juste le corps qui positionne l’appareil pour finaliser le shooting. Même pas besoin de regarder le résultat puisqu’il est sensé représenter ce qu’on avait conceptualisé avant de déclencher la captation de la prise de vue !
Une fois à domicile, il ne te reste plus qu’à retoucher, un peu, les photograffies pour faire ressortir tel ou tel élément de l’œuvre (notamment si certaines couleurs sont effacées par le temps, la météo) ou de son environnement.
Tu peux aussi t’amuser à saturer les couleurs/teintes de tes photograffies pour un côté encore plus Artistique, mais souvent cela se fait au dépend de l’œuvre elle-même (quoi que, tout dépend justement comment et à quel point s’est fait).
NOTES IMPORTANTES :
- EVITE AU MAXIMUM d’inclure le nom de rue où tu as photograffié dans le cliché (sauf si ça a du sens par rapport à l’œuvre) ou ta communication web, on n’est pas là pour faciliter le boulot de la police murale (qui se débrouille malheureusement très bien toute seule et avec les délateurs), et donc si t’as en plus un géolocalisateur sur ton appareil c’est toujours mieux de purger les métadonnées du GPS. En outre, attendre quelques jours avant de publier une photo permet souvent à l’œuvre de rester en place plus longtemps.
- Lors de ta session photograffique, des passants te regarderont bizarrement parce que tu shootes des gouttières ou des pans de mur. C’est "normal", tu te feras même quelques fois engueuler parce que « c’est moche » et que ça « motive ces vandales à continuer de salir nos (beaux) murs (gris) ». Mais tu rencontreras aussi des gens qui se demandent ce que tu photograffies et pourquoi, quel est le nom de l’Artiste, qu’ils ont déjà vu ailleurs, etc. Il est important pour le street-Art et sa reconnaissance de discuter poliment avec les gens, encore plus avec les riverains, et leur expliquer qu’il y a du "beau" et du "moche" (même si les goûts et les couleurs, hein ?!) et que beaucoup de graffs sont de vraies œuvres d’Art offertes au public plutôt que de moisir dans un musée ou réservées à une "élite" en galerie (ça ne viendrait pas à l’idée du plus obtus d’effacer un Banksy, d’ailleurs à Montpellier même les Space Invader accessibles n’ont pas été repeints par la mairie, et relativement peu dégradés, même dix ans après leur pose).
- Une toute dernière chose : quand tu prends ton temps pour bien te positionner alors que t’es au milieu du passage, tu as le devoir de remercier les gens qui s’arrêtent le temps que tu shootes, question de politesse envers ceux qui Respectent ton taff (photo)graff !!! Pour autant, l’inclusion d’un passant dans la photo de street-Art non seulement donne vie à l’œuvre, permet de bien insérer l’Art urbain dans l’environnement d’une ville active mais donne aussi parfois des petits miracles de coïncidences entre l’œuvre et le passant.
!!! BONNES PHOTOGRAFFIES, à PARTAGER avec la COMMUNAUTE,
le vrai propriétaire des clichés restant toujours légalement le graffeur qui offre ses œuvres au public !!!
{la mission du photograffeur étant de les sublimer par son regard personnel}